Traces d'existences, corps qui émergent dans le trait, cohabitent puis disparaissent et se glissent dans la couleur. Corps indispensables. Des corps qui disent chacun leur vérité, qui s'imposent comme une évidence dans la toile, qui hurlent dans leurs méandres graphiques. En écho, des mots perdus dans des textes improbables, de longues écritures qui plongent et surgissent à la surface de la toile, se mêlent aux éclats de couleurs et nous racontent l'épopée du tableau, les strates de la pensée en action. Le mot avant l'agir puis l'agir qui engendre les mots. Une dialectique sans fin. Ces affleurements qui révèlent la surface des couches internes, ces vagues successives, ces mémoires englouties puis libérées nous confrontent à une multitude de mondes qui s'accordent dans un palimpseste en perpétuel devenir. Lucile Travert nous livre les sinuosités invraisemblables de sa pensée, de ses tellurismes profonds.
Robert Maestre Commissaire d'exposition
Lucile Travert enchante les promesses graphiques. Elle ne craint pas la sanglance vitale, ni l'amertume boueuse. L'infime est son horizon. Elle accule sa création à l'orée du hors-sens, ignorant l'épuisement des images, et maculant l'espace d'une écriture explosée. Les taches enfiévrées saignent parfois dans la blancheur. Flottent partout des traces d'intime existence, inexplorées et inventives. Entre ciel et peau, on voit partout la vie et la mort des signes… Violant le vide, la tache souveraine prend l'espace à son compte. Âpre et rare, la couleur est de vie intense et brève. Des fragments d'histoire personnelle surgissent çà et là, comme des traces d'ancienne mémoire. Elles se confrontent aux vertiges de l'étendue, dans l'espace ouvert de l'infini pictural.
Christian Noorbergen Critique d'Art